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Série Café virtuel de l'EFPC : Discussion avec des femmes de STIM, avec Mona Nemer et Sarah Paquet (TRN5-V21)

Description

Cet enregistrement d'événement présente une conversation avec Mona Nemer, Ph. D., et Sarah Paquet sur leur carrière dans les domaines des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), sur l'importance d'avoir des femmes comme modèles et sur les raisons pour lesquelles une plus grande diversité dans les domaines des STIM est essentielle pour l'innovation et le bien-être économique du Canada.

Durée : 01:06:34
Publié : 9 février 2022
Type : Vidéo

Événement : Discussion avec des femmes de STIM, avec Mona Nemer et Sarah Paquet


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Série Café virtuel de l'EFPC : Discussion avec des femmes de STIM, avec Mona Nemer et Sarah Paquet

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Transcription : Série Café virtuel de l'EFPC : Discussion avec des femmes de STIM, avec Mona Nemer et Sarah Paquet

[Le logo blanc animé de l'École de la fonction publique du Canada apparaît sur un fond violet. Les pages se tournent, l'ouvrant comme un livre. Une feuille d'érable apparaît au milieu du livre qui ressemble aussi à un drapeau avec des lignes courbes en dessous. Le texte à côté se lit comme suit :« Webcast | Webdiffusion ». Il s'efface dans un panneau de conversation vidéo. Une femme avec des lunettes et des cheveux tirés en arrière porte une chemise rose. Elle est assise dans une pièce grise. Derrière elle, quelques petites sculptures trônent sur des étagères. Une carte de titre mauve apparaît dans le coin inférieur pendant un moment, la présentant comme Margaret Meroni, vice-présidente des programmes d'apprentissage à l'École de la fonction publique du Canada.]

Margaret Meroni : Bonjour. Je m'appelle Margaret Meroni et je vous souhaite, virtuellement, la bienvenue à l'École de la fonction publique du Canada. Je suis la vice-présidente des programmes d'apprentissage au sein de l'école. C'est vraiment un plaisir pour moi d'être avec vous aujourd'hui et d'animer ce quartier. Les discussions se dérouleront en français, mais des services d'interprétation simultanée sont offerts pour ceux qui en ont besoin. Vous trouverez les directives sur la façon d'utiliser la fonction d'interprétation simultanée dans le courriel de confirmation que vous avez reçu. Alors, avant de commencer, j'aimerais souligner que la terre sur laquelle se trouve bon ample de participants est le territoire traditionnel non cédé du peuple Anishinaabe Algonquin. Je vous encourage de prendre quelques instants pour reconnaitre le territoire sous vos pieds. Alors, j'aimerais vous rappeler que, pour améliorer votre expérience, il est recommandé de vous déconnecter du réseau privé virtuel si cela vous est possible et de vous reconnecter ensuite au café virtuel. Alors, sans plus tarder, j'ai le plaisir de vous inviter à ce nouvel épisode de la série Café virtuel de l'École qui porte sur les femmes en science, technologie, ingénierie et mathématiques au STIM. Au cours de la prochaine heure, je vais animer une conversation avec deux dirigeantes incroyables de la fonction publique fédérale.

[Un deuxième panneau de conversation vidéo se glisse sur la gauche, montrant une femme aux cheveux bruns courts avec des mèches blondes, la Dre Mona Nemer. Elle porte une veste en daim noir, une chemise à motifs floraux et un collier avec un pendentif en forme de goutte.]

La première est Dre Mona Nemer, conseillère scientifique en chef du Canada. Avant d'occuper ce poste, Dre Nemer était professeure et vice-présidente de la recherche à l'Université d'Ottawa, ainsi que directrice du laboratoire de génétique moléculaire et de régénération cardiaque de l'Université. Elle est titulaire d'un doctorat en chimie et a suivi une formation postdoctorale en biologie moléculaire.

[Un troisième panneau de conversation vidéo glisse dans le coin inférieur gauche, réduisant le panneau de Mona Nemer dans le coin supérieur gauche. Dans le nouveau panneau se tient une femme aux cheveux blonds courts, Sarah Paquet, qui porte une veste argentée.]

Notre deuxième invitée est Mme Sarah Paquet, directrice et présidente-directrice générale du Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada, ou, si vous préférez, le CANAFE. Sarah est avocate de formation. Elle a amorcé sa carrière dans la fonction publique au ministère de la Justice et a pu occuper divers postes de direction à l'Agence canadienne d'inspection des aliments et à SPAC, Services publics et Approvisionnement Canada. Alors, nos deux invitées défendent les intérêts des femmes dans les STIM, consacrant temps et énergie à mettre en lumière les obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans les STIM et à soutenir les initiatives en ayant pour but d'accroitre la participation des femmes dans ce domaine. Alors, avant de passer la parole à chacune de nos invitées, j'aimerais dire quelques mots pour replacer la discussion d'aujourd'hui en contexte.

La sous-représentation des femmes dans les différents domaines de STIM est reconnue depuis longtemps et constitue une source de préoccupation pour de nombreux pays dans le monde. En effet, on reconnait de plus en plus que la diversité des genres est essentielle, et ce, dans tous les domaines, y compris dans les STIM. Les femmes apportent des points de vue uniques et intéressants et, comme la demande de travailleurs qualifiés dans les domaines de STIM ne cesse d'augmenter, nous ne pouvons pas permettre de négliger l'incroyable potentiel de cette importante partie de la population, soit les personnes qui s'identifient comme étant des femmes. Si la représentation des femmes dans les STIM augmente au fils des ans, l'écart demeure tout de même énorme. Bien des raisons expliquent cette situation, notamment le fait que les femmes sont moins nombreuses que les hommes à obtenir un diplôme dans les programmes liés aux STIM, et celles qui en obtiennent un sont plus susceptibles de quitter ces domaines pour poursuivre leur carrière dans d'autres secteurs sans lien avec les STIM, et ce, à un rythme beaucoup plus élevé que les hommes. En cherchant plus loin, on s'aperçoit que les défis auxquels sont confrontées les femmes qui s'identifient comme étant de race noire, autochtones ou handicapées sont encore plus importants, car elles doivent faire face à une multitude de préjugés et à beaucoup de discrimination. C'est une situation très regrettable et nous savons que ces problèmes commencent dès un jeune âge, lorsque les femmes ont déjà commencé à assimiler les messages de la société , et ce, malgré le fait qu'en général, les garçons et les filles obtiennent les mêmes résultats uniformisés de mathématiques et de sciences à l'école primaire. Chaque année, le nombre de filles qui s'intéressent aux STIM diminue, et même celles qui obtiennent de bons résultats en mathématiques et en sciences au secondaire sont moins susceptibles que les garçons de s'inscrire à des programmes postsecondaires liés aux STIM. C'est pourquoi il est si important de tenir ce genre de discussion. C'est vraiment l'occasion de sensibiliser les gens et de changer notre façon de penser et le langage que nous utilisons pour combattre ces stéréotypes nuisibles.

Nous avons tous un rôle à jouer pour faire en sorte que les filles et les femmes, dès leur jeune âge, soient informées des possibilités qui s'offrent à elles dans les domaines des STIM et qu'on les encourage à envisager toutes les options possibles afin qu'elles réalisent pleinement leur potentiel. Alors, je vais maintenant passer la parole à nos invitées. J'aimerais que vous preniez quelques instants pour vous présenter, nous dire ce que vous pensez des femmes dans les STIM et nous expliquer pourquoi ces conversations sont si importantes. Alors, je vais commencer avec Dre Nemer. Donc, Mona, à vous.

Mona Nemer : Merci beaucoup et bonjour, bon après-midi à tout le monde, peu importe où vous êtes.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran. Une carte de titre mauve apparaît dans le coin inférieur pendant un moment, l'identifiant comme étant Mona Nemer, conseillère scientifique en chef au gouvernement du Canada.]

C'est un immense plaisir pour moi d'être ici pour vraiment faire partie de cette discussion très importante qu'on est en train d'avoir. Je ne peux pas dire que je suis ravie que l'on continue de l'avoir et de voir que les progrès tardent à arriver ou du moins que le rythme du progrès n'est pas vraiment à la hauteur des attentes, mais quand même, je crois qu'il faut continuer à en parler. Il faut continuer à intéresser les femmes, mais aussi les hommes, à l'importance du sujet et d'avoir vraiment toute la société, hommes et femmes, qui participe pleinement dans ces domaines si importants pour le présent et l'avenir. Alors, évidemment, moi, j'ai le privilège d'avoir passé toute ma vie dans les sciences.

Comme vous venez d'entendre, j'ai fait mon doctorat en chimie à McGill à l'époque où les femmes qui faisaient des doctorats représentaient 5 à 10 % maximum des étudiants au doctorat en chimie. C'est meilleur maintenant, mais il y a quand même encore beaucoup de chemin à faire. J'ai eu le privilège après de compléter mes études dans un domaine où il y avait plus de femmes, mais néanmoins, j'ai pu aussi constater comment, du côté de la biologie, des sciences de la vie, les femmes étaient nombreuses à certains niveaux. Donc, dans les disciplines au niveau du BAC à l'université, elles étaient nombreuses. En ce moment même, elles forment la majorité, mais ce pourcentage diminue au fur et à mesure qu'on monte dans la progression de la carrière, et ça, c'est quelque chose qu'il faut adresser qui est très important. J'ai eu le privilège aussi de participer à l'administration académique où encore une fois les femmes sont minoritaires, et il n'y a aucune raison, vraiment, qu'elles le soient. Nous avons des leaders qui sont extraordinaires. Il faut peut-être leur céder la place, leur faire de la place, les inciter à prendre ces rôles de leadership. Et bien sûr, depuis quelques années, je suis au gouvernement où, ce que je constate, c'est l'importance, vraiment, de la diversité de la formation pour occuper divers postes au sein du gouvernement. Donc, les scientifiques peuvent contribuer un peu partout, même dans des ministères qui ne sont pas des ministères à vocation scientifique, et c'est toujours bon d'avoir une diversité du point de vue de formation, de discipline, etc. Alors, moi, j'ai hâte qu'on discute vraiment de la granularité du problème.

Il faut vraiment… si on veut faire des progrès beaucoup plus rapidement, il va falloir se focusser sur l'endroit où se trouvent les problèmes, et les problèmes sont à divers endroits dépendamment de la discipline dans les STIM eux-mêmes. Donc, le problème en génie, c'est d'avoir des femmes qui font des études en génie. En biologie, dans les sciences de la vie, le problème, c'est d'avoir des femmes qui poursuivent des carrières, qui ont des promotions dans ces domaines-là. Le rythme du progrès aussi est très important. Récemment, il avait une étude qui montrait que, dans certains domaines, notamment les sciences de l'informatique, au rythme que l'on va depuis les derniers 20 ans, il nous faut encore 280 ans avant qu'on ait une parité dans les publications provenant d'auteures femmes et d'auteurs hommes dans des domaines même en biologie où — je le dis depuis maintenant quelques minutes —, où ça va beaucoup mieux, on a quand même encore besoin de 28 ans pour arriver à cette parité. Alors, imaginez-vous donc… On ne parle même pas de 20 ans, on parle de 25 ans. C'est le même problème qu'on a avec le problème des changements climatiques. Imaginez-vous donc ceci. Alors, moi, j'ai bien hâte qu'on discute de tout ça. Je vous remercie encore une fois de m'avoir avec vous et puis j'espère que tout le monde va se sentir interpellé par cette question sociétaire.

[Le panneau de Margaret Meroni rejoint celui de Mona Nemer.]

Margaret Meroni : Super. Merci, Mona. Alors, je passe la parole à Sarah. Merci et bienvenue.

[Le panneau de Sarah Paquet revient, remplissant l'écran. Une carte de titre mauve apparaît dans le coin inférieur pendant un moment, l'identifiant comme Sarah Paquet, directrice et présidente-directrice générale du Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada.]

Sarah Paquet : Merci. Bonjour, tout le monde. C'est un plaisir de me joindre à Margaret et Mona aujourd'hui pour cette discussion. Mon expérience est différente de celle de Mona dans le sens que moi, je suis allée au cégep en sciences. J'adorais les sciences. À l'époque, on appelait ça les sciences universelles. Alors, c'était un programme où on pouvait prendre tous les cours de sciences pour ajouter à notre curriculum. Malgré mon expérience, et le fait que j'adorais les sciences, je suis allée dans une école de garçons. Quand je suis arrivée au collégial, les professeurs ne trouvaient pas ça drôle du tout d'avoir des femmes dans leur classe avec les petits garçons qu'ils avaient eus dans les cinq dernières années. C'était les mêmes professeurs que les professeurs du secondaire. Par le fait que j'étais une fille, je dérangeais. Puis, malgré mes bons résultats, j'étais complètement ignorée. Ignorée du début à la fin. Mes amis étaient très gentils; on faisait nos laboratoires ensemble et le professeur allait toujours donner la rétroaction aux garçons et j'étais absente de ces discussions-là. Alors, aujourd'hui je me demande toujours si je ne suis pas allée en sciences à cause de cela, ou si je ne suis pas allée en sciences parce que j'étais interpellée par autre chose. Mais c'est une question qui reste avec moi.

Puis, mon implication pour les femmes en sciences a commencé quand j'ai joint Services partagés Canada en 2017. J'étais la seule femme à la table de gestion, puis le fait que j'étais une femme avait définitivement fait partie des critères de sélection parce que, justement, la table de gestion s'était rendu compte qu'il fallait qu'ils attirent au moins une femme à la table de gestion. J'ai été bien accueillie. J'ai été bien supportée. J'ai eu une belle collaboration de mes collègues, mais je me suis rapidement rendu compte que ce n'était pas le cas pour toutes les femmes dans l'organisation, puis que le fait que je leur donnais l'espoir que c'était maintenant possible pour eux n'était pas assez. Je devais faire plus pour elles. Alors, j'ai commencé à en parler avec mes collègues. Je pense que j'ai eu des petits acquiescements polis. J'ai eu des dénis implicites aussi que l'organisation avait des problèmes à attirer et retenir les femmes. Alors, j'ai commencé à être de plus en plus vocale. J'ai commencé à parler des besoins. J'ai commencé à créer des évènements, puis la réponse à ces évènements-là a vraiment donné la réponse au besoin. Alors, on a commencé avec le défi panel pour que les gens refusent de participer à des panels qui n'étaient pas diversifiés. Encore une fois, on regarde autour de la table de gestion voir qui a embrassé le défi, qui ne l'a implicitement pas signé et pas collaboré. Ensuite, on a fait des campagnes pour promouvoir 20 femmes en 20 jours en 2020. Plusieurs organisations ont fait la même chose. Puis, je me suis aperçu que ce n'était pas juste au public qu'on avait un problème; le privé, l'académique, les organismes à but non lucratif avaient le même problème. Alors, j'ai commencé à les inviter à mes évènements, puis j'ai eu la même réponse.

Les femmes avaient besoin de se retrouver, avaient besoin de partager, besoin de créer un réseau pour justement s'adresser à cette problématique-là. Au cours de ces évènements-là, je me suis aperçue aussi que les hommes ne participaient pas. Ils ne venaient pas d'eux-mêmes. Puis même quand je les invitais personnellement, puis je leur demandais de jouer un rôle, c'était très timide. Mais, la raison pour laquelle c'était comme ça, c'est qu'ils sont inconfortables. Alors, comme moi, j'apprends à évènement par évènement, puis je vais apprendre encore aujourd'hui, les hommes qui se joignent à nous, qui participent à notre discussion, apprennent également et deviennent des ambassadeurs. J'ai rencontré des hommes fantastiques dans ce parcours-là, des hommes qui sont des vrais alliés, qui prennent leur voix, qui créent des évènements par eux-mêmes. Ça doit continuer. La pandémie n'a pas aidé. On a fait des progrès très lents, comme Mona nous disait, pour avoir plus de femmes en sciences. La pandémie a fait que les femmes ont été plus affectées, alors on a pris du recul. Il faut travailler encore plus fort maintenant pour ramener ces femmes-là sur le marché, les ramener dans le monde de la science parce qu'il y a tellement plus à faire. Alors, je suis vraiment heureuse de participer à la discussion aujourd'hui parce qu'il faut participer à l'histoire pour que l'histoire nous ressemble puis réponde à nos besoins. Sinon, les prochaines générations vont encore vivre dans un monde créé par les hommes, pour les hommes. Merci.

[Les trois panneaux reviennent.]

Margaret Meroni : Super. Merci. Merci à vous deux. Alors, vous avez exposé ce problème de manière très intéressante. J'aimerais maintenant poursuivre en vous posant quelques questions et en vous amenant à approfondir certains des sujets dont vous avez parlé et d'autres que nous n'avons pas encore abordés. Alors, j'ai fait allusion en ouverture, mais je voudrais revenir sur l'importance d'encourager les filles dès leur plus jeune âge au domaine des STIM. Puisque vous êtes deux femmes exceptionnelles qui ont travaillé dans les domaines des STIM et qui défendent les intérêts d'autres femmes dans ces domaines, pouvez-vous nous parler de l'importance d'intéresser les filles à ce sujet dès leur plus jeune âge? Sarah, vous avez touché un peu sur ce sujet, mais j'aimerais que peut-être vous ajoutiez quelques pensées de plus si vous voulez.

[Le panneau de Sarah Paquet remplit l'écran.]

Sarah Paquet : Je crois que c'est important de réaliser que, si on demande à des enfants de classes primaires de dessiner un scientifique, une scientifique, ils vont dessiner un homme avec des cheveux gris, des lunettes et un sarrau blanc. On peut comprendre qu'on est loin des princesses, puis peut-être que ça nous prendrait des princesses scientifiques, mais ça, c'est une autre question. Je pense que, quand on regarde les femmes en général, si elles appliquent sur des positions, elles vont attendre de rencontrer toute la demande, toutes les exigences avant même de postuler alors qu'un homme va juste postuler. C'est la même chose qui se passe avec nos jeunes filles. Nos jeunes filles au secondaire n'ont pas d'identification. On a des modèles féminins; on n'en fait pas assez la promotion.

Une fille qui a 87 de moyenne se trouve bonne. En bas de 87, elle ne se trouve pas assez bonne pour aller en sciences. Un garçon qui a 78, lui, se trouve vraiment bon. Il s'en va en sciences. Alors, on a des stéréotypes qui sont installés. On a une absence de modèles, mais je dirais même de promotion de nos modèles qui fait que nos jeunes filles ne s'associent pas aux sciences. On a beaucoup de filles qui vont vouloir aller dans le domaine médical, alors on a beaucoup de filles qui seraient intéressées à créer des prothèses pour des enfants qui ont perdu un membre. Mais elles n'associent pas nécessairement l'ingénierie mécanique à la prothèse et l'enfant. Alors, comment on peut aider notre société à définir nos problèmes scientifiques d'une façon qui est plus attirante pour les jeunes femmes? On a des problèmes à régler en art. On a des problèmes à régler en environnement. On a des problèmes sociétaires pour quels nos jeunes filles voudraient s'investir, mais, quand on définit les professions scientifiques, ce n'est pas les images qui leur viennent à la tête. Alors, je pense qu'au niveau des stéréotypes, on a beaucoup de travail à faire et ça commence dans les familles, au niveau de l'école, au niveau de la présentation des sciences, au niveau de l'encouragement… on a beaucoup de travail à faire parce que toutes nos décisions importantes de société qu'on va prendre dans les 10 prochaines années vont avoir une base scientifique. Alors, si on n'arrive pas à amener les femmes à ces tables-là, elles ne feront pas partie à ces décisions si importantes.

[Les trois panneaux reviennent un instant avant que celui de la Dre Nemer ne remplisse l'écran.]

Mona Nemer : Sarah a abordé deux points qui sont, pour moi, très très importants. Le premier, c'est vraiment le poids sociétal, la culture, les stéréotypes qui sont toujours avec nous, et c'est un problème qui est d'autant plus important dans certains milieux. On a parlé de la rareté des femmes autochtones qui poursuivent des études en sciences, des femmes de couleur, particulièrement les noires qui viennent de milieux où vraiment il n'y a pas cet encouragement, cette sensibilité à l'importance de la science. Donc, les stéréotypes sont malheureusement encore avec nous, et ce qu'on appelle les role models, les exemples qu'on doit mettre devant les jeunes filles et les jeunes garçons, d'ailleurs, c'est vraiment très important. Je dirais que, quand il y a une image de femme scientifique,

[Les trois panneaux reviennent pendant que la Dre Nemer parle.]

c'est toujours quelqu'un qui a des lunettes rétro, qui a une queue de cheval… ce n'est pas cool. Vous savez, c'est pas cool. Donc, je crois que ça, c'est quelque chose qui est important. Regardez juste l'émission de télé le « Big Bang Theory », regardez la copine de Sheldon; ce n'est pas toutes les femmes qui vont forcément s'identifier à ce genre d'image de la femme. Donc, ça, c'est un point important.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Le deuxième point, c'est le milieu aussi. Moi, je veux dire, je suis attristée, mais je ne suis pas surprise, hélas, d'entendre que, Sarah, son expérience à l'école secondaire, au cégep, n'était pas une expérience positive. Il y a des études qui montrent que, dans des classes où on a mis des caméras cachées, on voit bien dans les cours de mathématiques et de sciences que les professeurs, et les professeurs hommes en particulier, mais aussi les professeures femmes, ils s'occupaient beaucoup plus des garçons que des filles. Mais ça, ça continue. Vous savez, le milieu… c'est à quel point finalement le milieu appuie les filles et les femmes. Ce n'est pas juste un problème des femmes, c'est aussi le milieu lui-même. Est-ce que c'est un milieu qui est hostile? Est-ce que c'est un milieu qui est accueillant, qui appuie, qui reconnait peut-être les besoins différentiels aussi des filles?

Peut-être le dernier point que j'ajouterais, c'est la façon, finalement, qu'on décrit les carrières de scientifique. Alors, on pense toujours quelqu'un qui a été en sciences qui va avoir un sarrau, qui va être dans un labo en plus dans un coin tout seul alors que ce n'est pas du tout ça, la réalité de la recherche scientifique. C'est un travail d'équipe qui est extraordinaire, mais aussi on a besoin de scientifiques partout. Le droit a besoin de scientifiques. J'ai des juges de la Cour suprême du Canada qui ont déjà discuté avec moi de comment on va faire pour avoir plus de connaissances scientifique pour nos juges, pour nos avocats, parce qu'il y a plein de cas qui arrivent maintenant avec beaucoup de sciences là-dedans. Alors, ça, je crois que c'est aussi important. La même chose en génie; on décrit ça toujours comme peut-être un ingénieur sur un chantier avec un casque, mais les ingénieurs ne sont pas juste sur des chantiers et, d'ailleurs, si on regarde le domaine du génie où il y a le plus de femmes par rapport au génie, par exemple, électrique, mécanique, civil, etc. Donc, comme société, comme institution aussi, d'éducation, que ce soit les universités, les collèges, les écoles, on doit faire une meilleure job à expliquer c'est quoi les carrières qu'on peut espérer avoir après une formation scientifique.

[Le panneau de Margaret Meroni s'ajoute, occupant la moitié droite de l'écran.]

Margaret Meroni : Super. Merci. Alors, Mona, j'aimerais savoir d'où vient votre intérêt pour les STIM. Vous avez constaté la sous-représentation évidente des femmes. Pensez-vous que cela a influencé votre propre expérience?

Mona Nemer : Écoutez, je crois que mon intérêt pour la science, c'était vraiment l'intérêt pour la découverte, pour le nouveau, quoi, l'aventure dans une certaine mesure parce que c'est ça aussi, les sciences.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

C'est de comprendre cet univers qui nous entoure. Donc, c'est un peu ça quand je pense quand j'étais encore à l'école, mais, par ailleurs, à un moment donné, moi, j'étais dans une école de filles où on n'avait pas le choix de poursuivre un cursus scientifique. Puis là, j'ai trouvé que ce n'était pas juste, que les femmes devraient avoir les mêmes opportunités – que les filles, dans ce cas-là – que les garçons. Donc, je me suis impliquée pour faire changer ceci pour avoir un cursus pour les filles et je crois que cette victoire finalement m'a marquée, m'a beaucoup marquée. C'était à la fois un intérêt personnel pour la science, mais aussi un intérêt pour s'assurer que ce n'est pas parce que vous êtes une fille qu'il y a certaines portes qui vont vous être fermées, comme d'office. Alors, c'était des petites et des plus grandes batailles pour les sciences, mais je veux dire, personnellement, j'ai eu beaucoup de satisfaction de la carrière scientifique dans les diverses fonctions et je crois que c'est absolument compatible avec être une femme, une femme normale avec une famille et tout. Donc, j'aimerais offrir cette possibilité à tout le monde, à toutes les filles.

[Les trois panneaux reviennent.]

Margaret Meroni : Super. Merci. Sarah, vous avez mentionné l'expérience avec le manque d'engagement des hommes. Alors, y avait-il des obstacles particuliers que vous avez eu à surmonter en raison de votre sexe?

[Le panneau de Sarah Paquet remplit l'écran.]

Sarah Paquet : Oh, absolument. Puis, c'est même difficile de se l'avouer. Puis, c'est en m'investissant plus pour supporter la cause des femmes que j'ai réalisé les obstacles que j'ai surmontés au fur des années. Je pense qu'il avait une partie de moi qui refusait de le voir, mais il y a une partie de moi aussi qui le gérait en refusant de le voir. Alors, il y a beaucoup de choses qui m'arrivaient au quotidien que je bloquais pour ne pas avoir à l'adresser puis à continuer et ne pas me laisser décourager. Alors, très jeune, quand je suis devenue gestionnaire… très jeune dans ma carrière, j'étais dans des salles, je donnais mon opinion, les gens allaient répéter mes idées, allaient reprendre mes points, puis ignoraient tout à fait le fait que j'étais dans la salle. À l'époque, je pensais que c'était à cause que j'étais la plus jeune dans la salle. À l'époque, je pensais que c'était à cause que j'avais 15 ans de moins que tout le monde autour de la table. Mais en continuant, j'ai réalisé que ce n'était pas juste une question d'âge.

Puis j'ai réalisé que les hommes, de façon pas toujours consciente, sont très à l'aise avec eux-mêmes. C'est naturel pour eux de se supporter, puis, comme ça, ils vont toujours faire plus de place à la table pour demander l'opinion d'un autre, supporter l'opinion d'un autre. Comme les femmes, de façon générale, on réfléchit plus, on se positionne dans notre tête davantage avant de prendre la parole. C'est beaucoup plus facile de nous couper parce qu'ils sont toujours plus vite, parce qu'eux autres font juste réagir, alors que nous autres on réfléchit puis après on essaie de trouver notre place. Puis là, en faisant de la recherche un peu, j'ai réalisé que les hommes vont interrompre une femme trois fois plus qu'un autre homme. Puis, ça n'a pas de sens, mais c'est réel. Ça l'a été documenté. Quand j'en parlais avec mes collègues, mes collègues me disaient « Sarah, je n'ai jamais remarqué, mais maintenant que tu me le dis… » Là, ils le remarquent et là, ils vont faire attention. Alors, les femmes font face à des micro-agressions tous les jours. Tous les jours. Que ce soit quelque chose d'aussi simple que de l'ignorer dans une salle ou de juste prendre tout l'espace à la table fait qu'elle n'a à peu près pas d'espace pour s'asseoir. Que ce soit parler de ses cheveux ou de ses vêtements, ou juste le langage qu'on utilise est différent quand on va décrire un comportement féminin qui s'affirme versus un homme qui s'affirme. Alors, être conscient de ça nous aide à un, en parler, mais deux, à réagir et arrêter de l'accepter.

Moi, j'ai eu un incident qui a été très déterminant dans ma carrière où j'avais une discussion assez active avec un supérieur dans une salle où il y avait juste presque des hommes. Puis, au cours de la discussion, à un moment donné, il m'a dit : « Ah, je suis assez tanné de m'obstiner avec toi! C'est comme m'obstiner avec ma femme. » Tout à fait inapproprié. Est-ce qu'un de mes 25 collègues autour de la table a dit quelque chose? Non. Est-ce que moi, j'ai dit quelque chose? Non. J'ai juste continué. Quand je suis sortie de la salle, il y a une femme qui est venue me voir, puis elle a dit : « Sarah, ça n'a pas de bon sens. Il n'aurait jamais fait ça à un de tes collègues. » J'ai dit : « Non, non. Les autres ne s'obstinent pas avec. Moi, je m'obstine avec. C'est pour ça que c'est plus difficile. » Puis, c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je bloquais ces agressions-là. En les bloquant, je ne les adressais pas. Puis, en ne les adressant pas, je faisais partie du problème.

[Les trois panneaux reviennent à l'écran. Margaret Meroni hoche légèrement la tête.]

Alors, il faut vraiment en être conscient. Puis, à partir de ce moment-là, j'ai décidé que plus jamais je ne me laisserais traiter comme ça ou laisser une collègue se faire traiter comme ça. Et plus jamais je ne sortirais d'une salle sans avoir partagé ce que j'avais à dire même s'ils m'interrompaient, même s'ils ne m'écoutaient pas, même s'ils ne faisaient pas de place pour m'entendre. J'avais pris une décision que je ne quitterais plus la salle sans dire ce que j'ai à dire. Puis, c'est ce que je dis à toutes les jeunes femmes autour de moi, mais il faut en être conscient parce qu'on a des mécanismes pour survivre dans un monde comme ça. Si on n'est pas conscient de nos mécanismes inconscients, on ne peut pas les adresser.

Margaret Meroni : Super. Mona, quelque chose à ajouter ou je peux continuer?

Mona Nemer : Ah, écoutez, moi, j'ai beaucoup d'histoires, anecdotes drôles peut-être qui sont pas forcément nécessairement drôles à raconter, mais disons que, quand j'étais…

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Comme je vous dis, j'ai toujours été parmi la minorité femme, puis on ne nous prenait pas au sérieux. On pensait qu'on était… que j'étais la secrétaire du patron. Ou quand j'allais dans des congrès scientifiques, j'étais finalement… c'était mon conjoint qui était là, que j'étais l'accompagnatrice. Donc, bon. Au début, on prend ça avec un grain de sel, mais, au bout d'un certain temps, en effet, c'est plus problématique. Les fois où ça l'a commencé à être beaucoup marqué, l'attitude des hommes envers moi, dans mon milieu, c'est bien sûr quand j'ai monté dans les échelons. Et c'est là où je commençais à me dire « Bien là… Pourquoi il faut que je sois deux fois meilleure qu'eux, mais que je parle, que je dise ce que j'ai à dire quatre fois avant que ça entre? », etc. Il y avait une espèce de refus d'accepter ma présence, et pas mon autorité, mais finalement mon rôle et mes responsabilités comme quelqu'un qui était, par exemple, dans le comité exécutif, qui était dans des postes de direction. Alors, je vous dirais que j'en rencontre encore. Ce n'est pas disparu, là. Des fois, je me demande avec certains collègues si le fait que je dois répéter la même chose ou que la personne ne m'écoute pas, et qu'ils écoutent quelqu'un d'autre qui vient de dire la même chose, ce n'est pas parce que je suis femme. Ça fait mal, mais il faut continuer. Il faut être déterminé, puis continuer. Ça ne rend pas la job plus facile, hein?

[Les trois panneaux reviennent.]

Margaret Meroni : Tout à fait. Bravo à vous deux. Alors, on a déjà couvert plusieurs obstacles. Vraiment, il y a des obstacles que doivent surmonter les femmes, en général, dans les STIM.

[Le panneau de Margaret Meroni remplit l'écran.]

Puis, il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les femmes choisissent de ne pas poursuivre des études ou une carrière dans les STIM, notamment un manque de compréhension ou de sensibilisation concernant les parcours professionnels, des questions liées à des préjugés conscients et inconscients, des inquiétudes quant aux possibilités limitées d'avancement professionnel. Il y a des considérations concernant les difficultés à concilier les obligations professionnelles et familiales, ou d'autres priorités personnelles. Alors, Mona, j'aimerais te demander… les données qui nous indiquent que les femmes sont sous-représentées dans les domaines des STIM en général, mais selon votre expérience, y a-t-il des domaines spécifiques où ce phénomène est plus prononcé que d'autres?

[Les trois panneaux reviennent.]

Même dans les domaines où les femmes peuvent rencontrer moins d'obstacles à l'entrée, voyez-vous qu'une fois qu'elles atteignent un poste de gestion, elles font face à un plafond de carrière? Pouvez-vous nous dire à quoi cela ressemble au gouvernement?

Mona Nemer : Bien, écoutez, je n'ai pas une grande expérience au gouvernement. Sarah est peut-être mieux équipée que moi, mais moi, je peux vous dire qu'autour de la table, par exemple, des sous-ministres des départements de science, des sous-ministres adjoints de sciences, les femmes sont une minorité.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran et sa carte de titre revient pour un moment.]

Alors, je crois que la question qui doit être posée et qui, pour le moment, pour toutes sortes de raisons de comment on récolte les données, comment les choses sont organisées, je peux vous dire que je suis déterminée à venir à bout de ça. Ce n'est pas clair si les femmes… finalement, si le problème se situe au niveau de la progression de la carrière ou si ça se situe au niveau de la rétention. Alors, donc, il y a beaucoup de femmes qui sont au niveau des laboratoires, de l'exécution du développement, peut-être, de la science. Mais la question « pourquoi elles n'accèdent pas à des postes plus élevés », je crois, est importante à régler encore une fois parce que, si vous avez un problème de rétention, les solutions sont différentes que si vous avez un problème de promotion. C'est des problèmes à régler, peu importe, mais il faut regarder ça comme il faut. Ça varie aussi, hein? Encore une fois, du côté des ingénieurs, du côté des sciences de la vie, c'est très différent. Mais le résultat à la fin est identique, et force est de constater qu'il n'y a pas une parité, qu'il n'y a même pas un tiers dans les postes de direction où on retrouve les femmes.

[Les trois panneaux reviennent.]

Maintenant, du côté académique et du côté de l'industrie que je connais peut-être aussi un peu mieux, puisque j'y ai passé plus de temps, ce que je remarque, c'est que… sur le plan académique, même si on prend les sciences de la vie, le pourcentage de professeurs titulaires, donc le plus haut que vous pouvez être, c'est 10-12 ans de carrière de prof, on est à moins de 20 % de femmes. Moins de 20 % de femmes envers 21, alors que ça fait, je vous dirais, 20 ans qu'il y a au moins 50 % des doctorantes dans ces domaines-là qui sont des filles. Alors, là, il faut se poser la question : qu'est-ce qui arrive? Puis, dans ce cas-là, on sait ce qui arrive. Il y en a beaucoup plus au niveau plus junior, mais c'est soit qu'elles disparaissent ou qu'elles ne sont pas promues.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Il y en a plusieurs qui ne reviennent pas après, par exemple, la maternité ou après un congé parental. Donc, il faut regarder pour voir est-ce que les dispositifs qu'on a en place sont suffisants et qu'est-ce qu'il faut faire de plus. Comment est-ce que les gouvernements et les institutions, puisqu'encore une fois c'est un problème sociétal, doivent travailler ensemble pour s'assurer qu'on ne perd pas tous ces talents? Moins on a de femmes dans ces postes-là, moins on envoie le message aux jeunes filles que… regardez, c'est des postes qui sont aussi pour vous.

[Les trois panneaux reviennent.]

Donc, on reste dans une espèce de cercle vicieux duquel il faut vraiment sortir.

Margaret Meroni : Oui. Effectivement. Sarah, quelque chose à ajouter avant que je continue?

Sarah Paquet : Oui, juste pour ajouter qu'au gouvernement, on est des victimes du même genre de régime. À partir du moment qu'il y a plus d'hommes dans les postes de haut niveau, c'est qu'il y a plus d'hommes qui choisissent les prochaines personnes qui vont accéder au prochain niveau, puis il y a un effet d'engrenage. Mais moi, je l'ai vu.

[Le panneau de Sarah Paquet remplit l'écran. Sa carte de titre revient un instant.]

J'ai vu des jeunes femmes qui voulaient devenir exécutives se faire dire « Pourquoi tu voudrais être exécutive? Tu as trois enfants, c'est là que tu devrais mettre ton temps. » J'ai vu des femmes ne pas se faire choisir pour des programmes de développement en disant « Bien, elle ne peut pas être à l'extérieur de la maison, elle a des jeunes enfants. » Alors, il y a des biais inconscients qui font que les femmes, un, pour rester on doit faire un effort supplémentaire dans ces domaines-là pour les supporter pour que l'environnement les encourage à rester, puis deux, quand il arrive le temps de définir leur carrière, on a besoin de beaucoup plus de champions et de support pour faire entendre leur voix et leur donner la chance parce que sinon on se ramasse avec un trou générationnel. Quand on regarde les prochains dirigeants, on dit « Mais ils n'ont pas les qualifications », puis on donne des promotions au mérite. Mais si on ne leur ouvre pas la porte, elles n'auront jamais l'expérience. Si elles n'ont pas l'expérience, elles ne peuvent pas appliquer sur le prochain poste.

[Le panneau de Margaret Meroni revient.]

Alors, il y a énormément de travail à faire à ce niveau-là. On s'améliore. La parité, c'est quelque chose qu'on parle beaucoup, qu'on pousse beaucoup. Mais je dirais, dans les postes importants, il y a encore beaucoup d'ouverture supplémentaire qui est nécessaire.

Margaret Meroni : Oui. Donc, dans quelle mesure pensez-vous que les expériences des femmes qui travaillent dans les STIM au sein du gouvernement ont changé au cours des 10 ou 20 dernières années malgré les défis qu'on a encore?

Sarah Paquet : Moi, je crois que ça progresse un petit peu comme on a discuté, mais il y a énormément de travail à faire. La pandémie nous a fait prendre du recul, alors il faut vraiment redoubler d'effort pour sensibiliser nos collègues. Puis, ils veulent faire partie de la solution, mais on a beaucoup, beaucoup d'éducation à faire justement pour aller à l'encontre de ces stéréotypes sociétaux qui sont en place depuis tellement de générations qu'il faut vraiment investir davantage pour corriger. Puis, il y a des gens qui sont mécontents quand on parle de parité .

[Retour du panneau de la Dre Nemer.]

Alors, il faut les amener à comprendre les apports que les femmes ont à faire pour avoir des meilleurs résultats pour servir les Canadiens, puis comme société en général. Mais comme Mona disait plus tôt, si on continue sur la même courbe de progression, c'est des centaines d'années que ça va prendre. Alors, il faut ajouter. Il faut faire plus.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Mona Nemer : Peut-être que j'ajouterais un élément là-dessus parce que, oui, en effet, il y a des programmes et il y a des… on aspire, n'est-ce pas? On encourage la parité et les cibles et tout ça. Mais je crois que la partie préparation et aussi la partie de comment on fait l'évaluation des compétences pour un poste est extrêmement important. Les études montrent que souvent les femmes ont des parcours qui sont inhabituels. Évidemment, si l'habitude, c'est les hommes, les femmes ça va un peu être inhabituel. Je vous donne l'exemple de l'université, mais ça pourrait très bien s'appliquer au gouvernement. Alors, au niveau des universités, par exemple, pour être doyen d'une faculté, il faut avoir été chef de département, vice-doyen. Puis, si vous ne l'avez pas été, vous ne pouvez pas devenir doyen. Pour être président d'université, il faut avoir été doyen ou vice-président. Alors, si on regarde de cette façon-là, en effet, ça va prendre 100 ans avant qu'on avance plus. Mais ce qui est important, ce n'est pas les postes que vous avez occupés, c'est les compétences que vous avez et qu'est-ce que vous avez fait preuve dans les postes que vous avez occupés.

Alors, finalement, qu'est-ce qu'être directeur de département vous apporte pour être doyen? Peut-être que si vous avez été dans une petite institution qui n'est pas un département universitaire, vous avez eu les mêmes compétences, et c'est la même chose au gouvernement. Donc, en ce moment, je dirais que nos critères et nos indicateurs favorisent les gens qui sont carriéristes plutôt que les gens qui ont les compétences. Et si on continue de cette façon-là, encore une fois — je ne veux pas faire de stéréotypes et dire que les femmes ne sont pas carriéristes même si, quand elles sont ambitieuses, on leur reproche leurs ambitions, alors que pour un homme, c'est vu comme extraordinairement positif parce que ça veut dire qu'il va faire quelque chose, mais —, encore une fois, il va falloir qu'on regarde qu'est-ce qu'on établit comme barème de promotion, et pour certains postes où on veut avoir plus de femmes.

[Les trois panneaux reviennent. Dans le panneau de Margaret Meroni, sa carte de titre apparaît un instant.]

Margaret Meroni : Certainement. Super. Merci. C'est vraiment une discussion très, très intéressante. Alors, nous avons touché brièvement sur la pandémie. Je vais vous poser une question concernant où on est présentement. Il ne fait aucun doute que la pandémie a exacerbé un grand nombre d'obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans les domaines des STIM. Mais pensez-vous que la pandémie a également créé des occasions pour les femmes? Par exemple, est-ce que présence sur nos écrans pendant cette crise d'un si grand nombre de femmes accomplies dans les domaines médicaux serait une source d'inspiration pour une génération de jeunes filles? Alors, Mona, peut-être, si vous voulez commencer.

[Le panneau de Sarah Paquet s'en va, faisant en sorte que la Dre Nemer occupe la moitié gauche de l'écran.]

Mona Nemer : Oui, j'étais en train de réfléchir à votre question parce que, dans une certaine mesure, je dirais oui, puis dans une autre je dirais que peut-être la pandémie et le travail à la maison n'a pas forcément aidé. N'est-ce pas? Je suis certaine que vous, Sarah, puis les collègues qui nous écoutent, ont eu l'expérience d'une réunion Zoom où il y a un enfant qui est apparu dans l'écran, n'est-ce pas? Et quand c'est une femme, elle est évidemment embarrassée parce que ça ne fait pas professionnel et c'est erreur.

[Le panneau de Sarah Paquet s'ajoute.]

Mais quand c'est un homme, « Oooh, il est charmant, il s'occupe de ses enfants! », etc. Donc, je crois que, de ce point de vue là, il faut qu'on se pose des questions. Le fait que les femmes étaient à la maison, vous savez, ce n'est pas toutes les femmes qui ont de l'aide à la maison avec les enfants pour leur permettre de profiter peut-être de ne pas avoir à faire une heure de route, etc. Donc, ça a empiré les choses, et là-dessus je dirais que c'est là où toute la question des garderies, de support à la garde des enfants est importante pour les carrières des femmes.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Évidemment, la souplesse, le présentiel et peut-être pouvoir faire du travail à la maison, c'est quelque chose qui aide les femmes, certainement. En science, j'ai toujours dit « Regardez, on a finalement un horaire assez souple. » Évidemment, souple quand on donne les cours qui ne peuvent pas être réorganisés, mais on n'a pas besoin de prendre finalement des congés si on doit amener un enfant chez le médecin. On peut faire notre travail le soir ou à un autre moment, etc. Donc, je ne sais pas trop quoi dire. Je pense que la chose la plus importante finalement que cette pandémie a révélée, c'est que les femmes ont été beaucoup plus affectées et une espèce de réalisation collective que ce qu'on avait pris pour acquis que les femmes ont accès au marché du travail autant que les hommes, que finalement, post-pandémie, tout ça va être peut-être à refaire, donc que la bataille n'est pas gagnée, que les acquis sont très fragiles et qu'il faut doubler d'effort. Donc, voilà.

[Les trois panneaux reviennent.]

Margaret Meroni : Oui, non, je suis entièrement d'accord. Sarah, quelque chose à ajouter?

Sarah Paquet : Oui, je suis aussi ambivalente par rapport à cette question-là parce qu'une partie de moi qui est très, très fière qu'on ait autant de femmes qui soient cheffes de la santé publique puis qu'elles aient été mis à l'avant-plan dans le quart de la pandémie. En même temps, je suis très, très triste parce que tous les gens qui ont travaillé dans le domaine de la santé ont eu une année absolument extraordinaire et difficile.

[Le panneau de Sarah Paquet remplit l'écran.]

Mais, je pense que la pandémie fait que les femmes s'occupent encore grandement des charges à la maison. Le partage est meilleur que dans les décennies qui nous ont précédés, mais il y a encore énormément de travail à se faire à ce niveau-là. Alors, même s'il y avait de la flexibilité, c'est quand même elle qui allait s'occuper des personnes âgées dans leur famille, c'est quand même elle qui allait s'occuper des enfants qui vivaient de l'anxiété des contacts et tout ça. Alors, ce côté-là est négatif. Le côté des modèles est positif. Puis, quand j'essaie de me tourner vers le positif, je me dis « On vient d'avoir un budget qui est féministe, » alors c'est définitivement quelque chose qui va aider les prochaines générations.

[Les trois panneaux reviennent.]

À partir du moment qu'on vit dans un monde virtuel comme celui où on présente aujourd'hui, je me dis qu'il y a quand même des opportunités pour les femmes. C'est plus facile d'avoir accès à un mentor ou un coach quand on n'a pas besoin de se déplacer. Le coach a juste besoin de se joindre sur un lien pour contribuer. C'est plus facile de faire venir des conférencières de partout sur la planète pour participer à des conférences, des ateliers, des formations parce qu'encore une fois, les coûts sont moindres, la demande sur le temps est moins.

[Le panneau de Sarah Paquet remplit l'écran.]

Alors, j'avais un café virtuel hier matin avec des amis avec qui j'ai travaillé il y a plus de 10 ans. C'était la première fois qu'on était tous là dans une des activités qu'on essaie d'organiser. Puis, on n'en organise pas plus que deux par année parce qu'il y en a toujours une qui va au hockey, une qui s'occupe d'un enfant malade, une qui est débordée au bureau. Mais à cause de la pandémie, à cause qu'on le fait le matin, tout le monde était disponible, puis c'était bien plaisant de se voir. Alors, il faut essayer de trouver le positif dans ce qu'on a, dans ce qu'on a accès, mais des grandes questions à savoir si la pandémie va avoir inspiré les jeunes femmes. J'espère que oui.

[Le panneau de Margaret Meroni revient.]

Margaret Meroni : Moi aussi. Peut-être une autre question maintenant. D'après vous et en vous fondant sur votre expérience, pouvez-vous décortiquer où se retrouvent les femmes dans les domaines des STIM et que pourrions-nous faire de mieux pour soutenir le parcours professionnel des femmes en STIM dans la fonction publique? Alors, peut-être Sarah, je vais commencer avec vous pour cette question.

Sarah Paquet : Ah, c'est une question que Mona va beaucoup plus être au fait que moi pour répondre, mais, de façon générale.

[Le panneau de Sarah Paquet remplit l'écran.]

Ce que je dirais, c'est qu'attirer les femmes, c'est une chose, les retenir, c'est quelque chose d'autre. Alors, une fois qu'elles ont joint nos équipes de travail, il faut s'assurer que le système est là pour les retenir pour qu'elles aient un bon support, qu'elles aient un développement de carrière, qu'elles aient un environnement flexible, puis qu'on ait des hommes qui soient les champions pour s'assurer qu'on entende leur voix et qu'on partage leur opinion et qu'on les supporte. J'ai eu la même expérience lorsque j'ai parlé à des jeunes étudiantes à l'université et aux doyens de différentes facultés de génie et de sciences. Si les jeunes filles à l'université ne sont pas supportées dans leur équipe de travail, elles ne vont pas terminer leurs études universitaires en sciences. Alors, je pense que ça s'applique à plusieurs niveaux. Merci.

[Les trois panneaux reviennent.]

Margaret Meroni : Merci. Mona, d'autre chose?

Mona Nemer : Là-dessus, je dirais que… c'est peut-être anecdotique, mais ça ne l'est pas parce que ça rejoint les statistiques qu'on voit pour les filles en génie.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Moi, j'en connais personnellement plusieurs et plusieurs qui ont commencé leur carrière, leurs études en génie, des filles absolument douées qui auraient pu faire une carrière extraordinaire, mais qui ont quitté après un an ou deux maximum parce que c'est le milieu qui était toxique. Ça, imaginez-vous donc, c'est au niveau des études. Ce n'est même pas après au niveau du travail. Donc, je crois qu'il y a une introspection importante à faire et de vraiment enlever toutes les choses historiques. Souvenez-vous que la science a commencé avec des moines qui avaient du temps pour regarder les poids et toute la génétique, etc. Il y a encore tout un stéréotype après avec les technologies, la physique, le nucléaire. C'était le pouvoir et les hommes. Ce n'est pas quelque chose qui est nécessairement attirant pour les femmes.

[Les trois panneaux reviennent.]

Maintenant, pour la fonction publique, moi, ce que j'aimerais, c'est encourager beaucoup de recrutement de filles avec des diplômes scientifiques dans des domaines où on ne pense pas forcément aux sciences parce qu'encore une fois, si on pense à la compétence… les compétences acquises, qu'est-ce que ça représente particulièrement, des filles qui ont fait un peu de recherche… Écoutez, faire de la recherche scientifique, c'est se poser finalement un problème, une question, décortiquer pour avoir des aspects qu'on peut vraiment adresser et mettre des hypothèses, faire un parcours logique, analyser des données, arriver à une conclusion, puis, si la conclusion ne fit pas avec l'hypothèse, faire quelque chose d'autre. Donc, adapter sa façon de penser, son hypothèse, sa technologie, etc.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Je crois que nous sous-estimons collectivement ce que des filles qui ont eu des parcours scientifiques au niveau des études peuvent contribuer à la fois dans des laboratoires, puis à l'extérieur de laboratoire. Et j'aimerais voir déjà beaucoup plus de filles recrutées et appuyées également dans les parcours de développement de carrière pour qu'on puisse avoir un pool de femmes qui peuvent accéder à ces postes de direction et faire partie du leadership du pays. Donc, ce serait tout à fait normal que ce qu'on a au niveau du leadership de la fonction publique soit représentatif de la population du pays qu'on est en train de servir.

[Le panneau de Margaret Meroni revient.]

Margaret Meroni : Super. Alors, nous avons touché sur les intervenants principaux, je dirais, qui peuvent avoir la plus grande influence sur l'augmentation du nombre des femmes dans les STIM. On a touché sur les universités, qu'est-ce qu'on fait au sein du gouvernement, les employeurs, etc. Pensez-vous qu'il y a un rôle pour les médias? Alors, Mona, peut-être je commence avec vous.

Mona Nemer : Absolument. Il y a un rôle énorme des médias.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Tout d'abord, quand ils cherchent des porte-paroles pour commenter les actualités scientifiques, médicales, et autres, d'essayer de se tourner autant vers les femmes que vers les hommes. Et puis là-dessus, je crois que Sarah a raison pour la pandémie. Nous avons vu beaucoup plus de femmes que d'habitude à la fois au niveau des santés publiques, mais aussi des scientifiques et des médecins qui intervenaient dans les médias. Je crois aussi qu'ils ont un rôle de démystifier de quoi ont l'air les femmes, que ce soit dans des séries télévisées, des séries et autres, là… et de parler aussi de l'importance des compétences qui sont acquises, des possibilités, du potentiel, finalement.

Écoutez, on est en train d'être dans une société absolument qui va de plus en plus dépendre de l'informatique, qui va de plus en plus dépendre de l'intelligence artificielle, de technologie quantique, de nouveaux matériaux, etc.

[Les trois panneaux reviennent.]

Ça va être des jobs qui sont payantes pour l'avenir. Alors, si on veut vraiment économiquement avoir la parité et vraiment donner des opportunités à tout le monde, il va falloir vraiment que les femmes participent plus activement aux disciplines scientifiques, et les médias ont un rôle également à jouer. Je crois que les gouvernements jouent un bon rôle de plus en plus proactif, mais je crois qu'il ne faut pas lâcher la pédale parce qu'il y a beaucoup à faire encore.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Mais les gouvernements… écoutez, quand ils exigent que, pour donner des subventions, par exemple, à des institutions, à des groupes, à des congrès scientifiques, quand ils disent qu'ils exigent la parité, je peux vous assurer que ça va se faire. On l'a vu dans le passé très récent, qu'il s'agisse du Canada, des États-Unis ou d'autres endroits. Et puis là, les médias peuvent aussi tenir les gouvernements et les institutions redevables. Ils peuvent aussi parler des progrès qui sont faits ou qui ne sont pas faits. Alors, oui, les médias ont un rôle très important, mais tout le monde a un rôle important. C'est vraiment une question sociétaire.

[Les trois panneaux reviennent.]

Margaret Meroni : Merci, Mona. Sarah, quelque chose à ajouter, soit sur les médias ou les employeurs, les universités, quoi que ce soit?

Sarah Paquet : Je crois que c'était très complet. C'est un problème sociétal puis tout le monde… l'éducation, c'est la tâche de tous, puis la promotion, c'est la tâche de tous. Il faut sortir des anciens créneaux puis s'ouvrir pour justement promouvoir tout ce qui se passe et essayer de participer à créer le futur.

Margaret Meroni : Super. Puis entre temps aussi, on parle du rôle que les hommes jouent aussi autant au travail qu'à la maison, de vraiment contribuer à modifier le discours qui a historiquement empêché les femmes de carrière dans les domaines des STIM.

Mona Nemer : Oui. Écoutez, c'est grâce à des mentors surtout hommes que j'ai pu vraiment avoir une carrière intéressante en sciences.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

C'est sûr que le point tournant a aussi été quand j'ai eu une mentore femme que j'ai admirée, à qui je voulais ressembler, qui était accomplie scientifiquement et sur le plan personnel avec une famille et tout. Elle avait vraiment réussi sa vie. Mais les hommes ont un rôle extraordinairement important à jouer à tous les niveaux, que ce soit dans le domaine éducatif ou dans les milieux de travail. Je crois que là-dessus, c'est important de travailler à partir, encore une fois, de listes et non pas de mémoire parce qu'on a toujours tendance à se rappeler de ceux à qui on a parlé récemment quand on passe à inviter des gens pour des tables rondes, pour des panels, à des promotions. Ça, c'est quelque chose qu'il faut faire très attention et je crois que les hommes qui sont encore dans des postes qui sont très influents… il faut les amener à travailler peut-être aussi un peu différemment parce que, même s'ils veulent soutenir les femmes, peut-être qu'ils ne réalisent pas tout à fait comment le faire. Donc, oui, il faut s'attendre de ça de tout le monde, mais il faut aussi les outiller et les aider à le faire.

[Les trois panneaux reviennent.]

Margaret Meroni : Bon point. Sarah, quelque chose à ajouter?

Sarah Paquet : Je crois que les hommes peuvent faire énormément. Il y en a qui sont énormément. Ils peuvent montrer l'exemple, créer des environnements sécuritaires. Il faut qu'ils soient vulnérables et inconfortables. Ils ne seront jamais des femmes. Donnons-leur l'espace de ne pas tout comprendre, mais en même temps, si eux, ils admettent qu'ils doivent apprendre et doivent admettre ce qu'ils ne savent pas,

[Le panneau de Sarah Paquet remplit l'écran.]

ils vont pouvoir devenir des coachs, des mentors, des champions, promouvoir des femmes, s'assurer qu'elles ont des tables de gestion balancées, nommer les abus. Ce n'est pas facile pour un homme d'aller à l'encontre d'un autre homme pour supporter une femme, mais, si on commence à le faire, ils vont être de plus en plus confortables à le faire. Les courriels que je reçois des pères de famille qui me remercient de créer un meilleur futur pour leurs filles, ça me fait tellement plaisir. Mais c'est ça, il faut leur donner l'espace à ces champions-là de trouver leur place, puis les accompagner dans leur cheminement. Mais il y a des champions extraordinaires. Je vais en nommer deux : Martin Bernier comme chef de l'information à l'Université d'Ottawa, puis Luc Villeneuve qui est président de Benchmark, une société de software/logiciels. Ils ont pris sur eux que c'est leur cause. Ils créent des évènements. Ils créent des forums. Ils bâtissent des meilleures pratiques. Ils invitent leurs collègues. Alors, il y en a, des hommes qui sont visibles et qui sont vulnérables, qui sont inconfortables et qui continuent d'avancer là-dedans. Il faut en amener d'autres, puis il faut les accompagner.

[Le panneau de Margaret Meroni revient.]

Margaret Meroni : C'est ça. Alors, on peut continuer cette discussion toute la journée. Je sais qu'on arrive vers la fin de cet évènement. Peut-être avant de terminer, Sarah, je vous donne la parole s'il y avait d'autre chose que t'aimerais nous laisser comme pensée ou des avis ou quoi que ce soit.

Sarah Paquet : Moi, je dirais que les femmes doivent prendre leur futur aussi entre leurs mains. Comme femme, c'est difficile. On n'est pas habituée de demander; on attend que les gens nous offrent les possibilités. C'est un caractère très féminin. Alors, il faut demander. Il faut utiliser notre voix. Il faut supporter les autres femmes aussi.

[Le panneau de Sarah Paquet remplit l'écran.]

Je n'ai pas eu juste d'excellents mentors féminins dans ma carrière. Je veux être un bon mentor, mais il faut que les autres soient là. Alors, une des choses que je fais, entre autres, c'est qu'à chaque fois que je fais une session de coaching ou mentorat, je demande que la femme avec qui je le fais le refasse avec une autre femme pour justement créer ce mouvement-là. Je crois qu'il y a beaucoup d'espace pour l'amélioration, mais il y a beaucoup de gens motivés puis engagés, et je les remercie d'avance de participer.

[Les trois panneaux reviennent.]

Margaret Meroni : Excellent. Et Mona, à vous.

Mona Nemer : Écoutez, moi, je pense que c'est une conversation qui est extrêmement importante pour notre avenir. Je crois qu'il faut continuer d'en parler. Ce n'est pas une guerre contre les hommes.

[Le panneau de la Dre Nemer remplit l'écran.]

Les hommes vont en profiter autant que les femmes quand il y a la parité, que ce soit pour leur conjointe, que ce soit pour leurs enfants, que ce soit pour leurs sœurs, etc. Ils ont un rôle très important à jouer. Il faut reconnaitre le progrès que nous avons fait. Je crois que le fait qu'on en parle sans avoir à s'en cacher, c'est déjà très important. Ce n'est pas quelque chose qui est marginal; c'est acceptable et accepté et encouragé. Mais, il faut demander l'accélération du rythme du changement. Et je crois qu'il n'y a rien de mieux que de récompenser aussi ceux qui vont être les champions de ceci. Donc, il faut voir dans notre système de récompense les incitatifs qui ne sont pas que financiers. C'est juste reconnaitre ceux qui vraiment participent à cet effort collectif et à cette progression si importante de notre société. Je finirais en disant que les femmes qui proviennent de certaines races et les femmes autochtones ont deux fois plus, n'est-ce pas… sont confrontées à deux fois plus de défis et d'obstacles et qu'il ne faut pas oublier ceci et vraiment les aider.

[Les trois panneaux reviennent.]

Là, ça commence encore plus tôt que pour les autres femmes. Donc, il faut garder à l'esprit que nous ne sommes pas toutes à la même ligne de départ même si on veut toutes être à la même ligne d'arrivée.

Margaret Meroni : Super. Bon, alors au nom de l'École, je tiens à vous remercier, Mona, Sarah, d'avoir accepté notre invitation. Merci de nous avoir fait part de vos points de vue. Alors, ce fut vraiment un privilège de partager cet espace avec vous aujourd'hui.

[Le panneau de Margaret Meroni remplit l'écran.]

Donc, merci beaucoup. J'aimerais également remercier les participants virtuels qui sont avec nous aujourd'hui. J'espère que vous avez trouvé la conversation aussi intéressante que moi et que vous en avez retiré de nouvelles idées dont vous pouvez tirer parti. Et je vous invite d'ailleurs à nous faire part de vos réactions en remplissant le formulaire d'évaluation que vous recevrez par courriel. Vos commentaires sont importants pour nous. Enfin, j'invite tout le monde à surveiller le prochain épisode du Café virtuel qui sera diffusé le 10 juin. Nous parlerons de l'Europe moderne avec Stefanie Beck, qui est haute-commissaire adjointe du Canada au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, et aussi Ailish Campbell, ambassadrice désignée du Canada auprès de l'Union européenne, et Michelle d'Auray, ancienne ambassadrice et sous-ministre auprès de l'OCDE. Alors, les inscriptions sont ouvertes et nous espérons que vous serez des nôtres.

[Les trois panneaux reviennent.]

Alors, avec ça, on termine l'évènement aujourd'hui. Encore mille fois merci beaucoup mesdames, et à tout le monde je vous souhaite merci et bonne journée. Au revoir.

Sarah Paquet : Merci.

Mona Nemer : Au revoir.

[Le panneau de conversation vidéo s'estompe pour laisser place au logo blanc animé de l'École de la fonction publique du Canada qui apparaît sur un fond violet. Ses pages se tournent, le fermant comme un livre. Une feuille d'érable apparaît au milieu du livre qui ressemble également à un drapeau avec des lignes courbes en dessous. Le mot-symbole du gouvernement du Canada apparaît : le mot « Canada » avec un petit drapeau canadien sur lequel s'agite le « a » final. L'écran devient noir.]

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